«Veuillez payer avec la carte.» Cette phrase, que l’on peut lire à la caisse de nombreux magasins, reflète une nouvelle normalité. Les paiements par carte sont désormais largement répandus. Afin de lutter contre la propagation des virus, les moyens de paiement demandant le moins de contact possible se sont imposés, même pour acheter un paquet de chewing-gums au kiosque ou un petit pain à la boulangerie. Les cartes bancaires et les cartes de crédit, avec lesquelles il est désormais possible de payer les montants jusqu’à CHF 80 sans contact et sans saisir le code PIN, sont de plus en plus utilisées, tout comme les applications de paiement telles que TWINT.

Les statistiques confirment cette tendance. En effet, le nombre de retraits aux bancomats Valiant a chuté d’environ 70 % durant les premières semaines de la crise du coronavirus. Depuis, il reste à un niveau très bas. En revanche, le total des paiements par carte a considérablement augmenté par rapport aux semaines avant le coronavirus. Quant à TWINT, l’application est passée de deux à trois millions d’utilisateurs et utilisatrices depuis le début de l’année. De plus, des milliers de nouveaux commerçants se sont rattachés au système.

S’y habituer par nécessité

Les possibilités de payer sans argent liquide existaient déjà avant le coronavirus. «Cependant, beaucoup de gens n’avaient jamais pris la peine de s’y intéresser avant le confinement», explique Christoph Wille, responsable Services à la clientèle et canaux chez Valiant. La familiarisation avec les moyens de paiement sans espèces s’est alors plutôt effectuée par nécessité.

L'argent liquide reste important

Christoph Wille en est convaincu: la tendance va se poursuivre. Car les personnes n’abandonnent pas facilement ce qu’elles estiment simple et pratique. Néanmoins, l’argent liquide n’est pas prêt de disparaître non plus. Il s’agit aussi d’un moyen de paiement infaillible lorsque le terminal de paiement électronique ne fonctionne pas. En outre, il procure un certain anonymat pour les personnes qui ne souhaitent pas laisser de traces.

Andreas Dietrich, responsable de l’Institut pour les prestations financières, le voit ainsi: «Les espèces perdront encore d’autres parts de marché par rapport aux paiements avec la carte, le smartphone ou la montre. Cela se produira encore plus vite que dans les 20 dernières années, mais l’argent liquide ne disparaîtra pas.»

Vers une disparition des bancomats?

Pour les banques, que signifie cette évolution des comportements en matière de paiement? Il n’y aura pas de grand bouleversement selon Andreas Dietrich. En effet, les paiements par carte présentent des avantages pour les banques par rapport aux traitements des paiements en espèces. Toutefois, nous pouvons supposer qu’à moyen terme, le nombre de bancomats en Suisse va diminuer.

Christoph Wille est aussi de cet avis. A l’heure actuelle, les coûts d’une exploitation parallèle s’avèrent élevés: d’une part, il y a les bancomats, qui sont de moins en moins utilisés. D’autre part, il y a les applications mobiles, qui doivent régulièrement être mises à jour. «La question de savoir ce que nous voulons et pouvons continuer à proposer se pose sérieusement. Par exemple, nous nous demandons combien de bancomats seront nécessaires à l’avenir.»

En Scandinavie, la plus petite densité de bancomats a accéléré l’évolution des paiements sans espèces. Dans l’ordre inverse, le même résultat semble aussi se dessiner en Suisse: le recul de l’argent liquide conduit à une réduction des points de retrait d’argent. Cette situation mène à son tour au triomphe des moyens de paiements alternatifs.