
Les pictogrammes nous orientent
Orienter correctement les visiteurs et visiteuses d’un espace public ou d’un bâtiment complexe tel qu’un aéroport ou un hôpital, afin qu’ils puissent trouver leur chemin indépendamment de la langue qu’ils parlent et de la culture à laquelle ils appartiennent, est une tâche herculéenne. La signalétique relève en quelque sorte d’une langue universelle. Mais au lieu de mots, elle emploie généralement des éléments visuels. Les plans d’ensemble représentent le lieu, les flèches montrent la direction, les pictogrammes donnent des informations sur ce que l’on peut trouver sur place. «La signalétique peut être très pragmatique et discrète, ou au contraire narrative et poétique», explique Jimmy Schmid, qui dirige une formation continue en signalétique à la Haute école des arts de Berne, un cursus unique en son genre en Europe.
Des conventions internationales
Dans une situation d’urgence, la fonctionnalité pure prime: tous les individus doivent pouvoir quitter le plus rapidement possible la zone de danger. L’information doit pouvoir être transmise partout, à tout moment. Étonnamment, les pictogrammes blanc et vert pour la signalétique d’urgence (sorties de secours), qui répondent à une norme internationale, ne sont obligatoires que depuis 2013. Et attention à celles et ceux qui s’aventurent aux États-Unis: les panneaux «EXIT» dominent encore et ne sont que lentement (mais sûrement) remplacés par le pictogramme d’une personne qui court. Ce dernier a été imaginé à la fin des années 1970 par un Japonais. Outre les normes internationales, d’autres règles doivent être observées pour que chacun·e puisse trouver son chemin. Il convient ainsi de prêter attention à la lisibilité: un contraste visuel suffisant doit être assuré entre les marquages et le fond.
«Les pictogrammes blanc et vert pour la signalétique d’urgence, qui répondent à une norme internationale, sont obligatoires depuis 2013.»
Penser chaque lieu de manière individuelle
Une fois les aspects fonctionnels couverts, il est possible d’exploiter la marge de manœuvre créative. Pour conférer une identité spécifique à un lieu, l’on peut jouer sur les couleurs, les polices, la lumière, les images et les matériaux, et intégrer des éléments narratifs. C’est particulièrement le cas pour les lieux qui invitent à une expérience: un musée, un zoo… «Dans ces lieux, le besoin de distraction, de ressenti, de transmission de savoir est plus important que dans une gare. Chaque zone d’attente peut devenir le support d’une histoire», affirme Jimmy Schmid.
Dans tous les cas, il est important de bien tenir compte de l’environnement et des futurs utilisateurs et utilisatrices de l’espace. Ainsi, au guichet d’une banque, la clientèle est au cœur de l’attention, si bien que la signalétique peut mettre en scène l’identité de l’entreprise de manière plus visible. En revanche, dans les bureaux occupés en majeure partie par du personnel, la règle est «autant que nécessaire, aussi peu que possible».
Une simplicité complexe
«Un système signalétique qui fonctionne bien repose sur un travail de titan mêlant plusieurs disciplines», confie Jimmy Schmid. Il faut tout d’abord analyser soigneusement le public cible, l’espace ainsi que la luminosité et les parcours. Ensuite, il convient de définir tous les objectifs et de classer les informations par ordre d’importance. «Il est essentiel de respecter la chaîne de l’information, qui comporte trois aspects: orientation, indication de la direction et confirmation de l’objectif.» Les informations sont alors mises en forme, en dialogue avec l’architecture et l’entreprise. Elles doivent être accessibles au plus grand nombre. Souvent, il faut prévoir des éléments que l’on peut actualiser (par exemple pour les descriptions des espaces), les combiner avec des informations audio et intégrer des mesures numériques. «L’objectif est atteint lorsque les visiteurs et visiteuses trouvent leur chemin, mais aussi vivent l’espace et s’y sentent bien», conclut Jimmy Schmid.
Les pictogrammes les plus connus
Les pictogrammes transmettent des informations en les représentant de manière claire et simplifiée. Ils sont généralement conçus de manière à pouvoir être compris par un public international, sans explication supplémentaire.
Le pictogramme «Information» désigne les points d’information dans les espaces publics. Souvent bleu et blanc, il revêt la même apparence aux quatre coins de la planète.
Le pictogramme Wi-Fi permet d’identifier d’un coup d’œil les réseaux d’Internet sans fil. Il découle de la nécessité de représenter simplement des fonctionnalités techniques complexes. Sa forme rappelle un signal radio. Ce pictogramme est utilisé partout dans le monde.
Le pictogramme «Sortie de secours» se base sur la norme ISO 7010. Cette dernière définit les couleurs et les formes des signes pour les sauvetages et secours, les interdictions, les obligations, les avertissements et signalisations de risque ou de danger ainsi que la lutte contre l’incendie. Ils contribuent à accroître la sécurité à l’échelle internationale.



