Le secteur financier a recours à l’intelligence artificielle. Pourquoi? 

Dalith Steiger: Pour évaluer les données, les ordinateurs avaient autrefois besoin de règles concrètes définies par des êtres humains, car ils travaillaient selon des directives prédéterminées. Aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle (IA), ils peuvent reconnaître des schémas de comportement humain dans d’énormes ensembles de données. L’IA ne se contente pas de suivre des règles; elle est capable de beaucoup plus. 

Quels sont les avantages du recours à l’IA dans le secteur financier? 

Andy Fitze: L’IA peut accroître la sécurité dans le secteur financier. Par exemple, la technologie reconnaît des transactions ou activités qui sortent de l’ordinaire dans le trafic des paiements et peut mettre en garde de façon précoce contre une possible fraude. L’IA est aussi utilisée pour le service à la clientèle. Pensons par exemple aux chatbots capables de répondre automatiquement aux demandes simples. 

Dalith Steiger: Le secteur financier s’appuie surtout sur l’IA pour accélérer et simplifier le travail. L’IA permet d’automatiser de nombreux processus, avec à la clé un gain de temps et une réduction des coûts. Pour les clientes et les clients, cela se traduit par un service plus rapide et amélioré. Ils bénéficient par exemple d’offres sur mesure et reçoivent plus rapidement une réponse à leurs demandes. 

Quand on parle d’IA, quels sont les aspects importants à prendre en compte? 

Dalith Steiger: Faire naître la confiance dans l’intelligence artificielle est un véritable défi. Nos clientes et clients doivent être assurés que les systèmes d’IA sont sûrs et font correctement leur travail. Il est dès lors important que les entreprises (en l’occurrence, les banques) expliquent comment elles utilisent l’IA et quelles sont les implications concrètes pour la clientèle. 

Andy Fitze: Le plein potentiel de l’IA est loin d’être épuisé. Des règles claires sont donc nécessaires pour encadrer son utilisation. Il faut toutefois éviter la surrèglementation, qui limiterait son pouvoir d’innovation. La Suisse peut se faire un nom en matière d’IA et prouver une nouvelle fois au monde entier son expertise en matière de questions financières. 

Comment définir la confiance dans le cadre du recours à l’IA dans une banque? 

Dalith Steiger: Lorsqu’une relation clientèle existe depuis des années, la banque connaît bien les besoins de son client ou de sa cliente. Pour les nouveaux clients ou clientes, en revanche, l’IA peut aider à identifier plus rapidement leurs besoins, en analysant les données disponibles et en identifiant des schémas. Le client ou la cliente doit toutefois donner son accord pour qu’elle puisse le faire. C’est pourquoi la confiance est essentielle. 

Andy Fitze: Lorsqu’une banque dit clairement qu’elle s’appuie sur l’IA pour mieux comprendre et mieux servir ses clientes et clients, cela renforce la confiance. Elle doit convaincre sa clientèle que les données sont en sécurité et qu’elles ne pourront pas être utilisées en leur défaveur. Si les clientes et clients font confiance à leur banque, celle-ci peut exploiter les avantages de l’IA tout en entretenant de bonnes relations avec eux. Le temps économisé grâce à l’IA peut être mis à profit de manière plus judicieuse, par exemple pour assurer un suivi personnalisé de la clientèle. Cela renforce la confiance et le lien de proximité. 

Andy Fitze et Dalith Steiger comptent parmi les stratèges les plus réputés sur la question de la transformation numérique. Ensemble, ils ont créé SwissCognitive, start-up spécialisée dans l’IA déjà récompensée à plusieurs reprises, et la fondation CognitiveValley.