
«Chaque biographie est unique»
«En tant que ghostwriter, je m’efforce de donner l’impression que la personne pour laquelle j’écris vous parle directement, un peu comme si elle vous recevait chez elle », explique Isabel Baumberger. Elle s’appuie sur des années d’expérience à la radio SFR3, où elle a pu étudier tous les dialectes. C’était elle qui écrivait les interventions de ses collègues au micro. «Mon objectif était d’écrire un discours qui semblait sortir directement de la bouche du présentateur ou de la présentatrice, quel que soit son dialecte. Et j’y parvenais … sauf pour le valaisan.» Rétrospectivement, ce poste était sa première mission de ghostwriting.
Aujourd’hui, la conseillère en communication et autrice s’est spécialisée dans les biographies et cible surtout les gens «comme vous et moi». Car c’est un fait, «chaque biographie est passionnante! On sous-estime souvent la valeur des souvenirs», s’exclame-t-elle. Consigner sa propre histoire est inspirant et permet d’ouvrir une nouvelle perspective sur la richesse de ce que l’on a vécu. «C’est aussi un cadeau précieux pour les prochaines générations. Qui n’aimerait pas lire un livre sur la vie de sa grand-mère ou de son arrière-grand-père?»
Accompagner personnellement sans s’imposer
La spécialiste du texte ne se contente pas de noter ce qu’elle entend: «J’écoute puis, en écrivant, je fais ressortir l’essence de l’histoire.» C’est son interlocuteur ou son interlocutrice qui décide ce qui sera raconté. «Je pose des questions mais je ne juge pas», souligne-t-elle. Pour pouvoir mener à bien sa mission, elle doit pouvoir développer une relation personnelle basée sur la confiance. Pour qu’un récit captive, il doit comporter un fil rouge. «Il faut guider sans s’imposer. Faire preuve de compréhension et de respect, comme une bonne guide touristique ou même une conseillère qui répond aux besoins de sa clientèle.»
«Je pose des questions mais je ne juge pas.»
Donner vie aux images et aux ambiances
Isabel Baumberger se laisse guider par les souvenirs de la personne qui lui parle. «Une ligne temporelle peut guider le discours, mais j’opte délibérément pour une approche thématique et non chronologique», explique-t-elle. Elle pose de nombreuses questions, qui visent aussi à faire remonter les sensations: «Quelles images vous viennent à l’esprit? De quelles odeurs, de quels bruits vous souvenez-vous? Quelle était l’ambiance de la pièce? À quoi ressemblait-elle?» C’est ainsi que des bribes de souvenirs deviennent des histoires.
Et même lorsque les perceptions subjectives prennent le pas sur les faits objectifs, la recherche constitue une partie importante du travail: il s’agit de vérifier les dates, d’inclure le contexte historique. Il lui arrive ainsi de rechercher sur Internet des informations sur les anciennes récolteuses de pomme de terre pour pouvoir décrire de manière vivante une enfance à la ferme.
Un regard conciliant sur le passé … et vers l’avenir
Ce travail sur les souvenirs ne mène pas toujours à un livre. Lors des ateliers biographiques privés ou en petits groupes, Isabel Baumberger a aussi recours aux croquis et aux collages. Son approche consiste à «donner vie aux souvenirs positifs, ne pas masquer les plus difficiles, mais les examiner avec un regard conciliant». C’est ainsi que la confrontation avec le vécu permet de se remplir d’énergie et contribue à reconnaître ses propres forces et ses ressources. Souvent, cela ouvre aussi de nouvelles perspectives pour le présent et le futur.

Photo: Monika von Rosen



